71522Restauration de la tour principale
Édifié vers le milieu du XIIe siècle sur le bord d’un plateau, face à la plaine de Lure, Oricourt est un château fort à double enceinte, basse cour et haute cour. Deux tours carrées de 25 mètres de haut dominent les courtines et de profonds fossés. A l’extérieur, côté village, a été érigé un imposant colombier. Gaucher, connétable du Comté de Bourgogne est seigneur d’Oricourt vers 1170. Oricourt est actuellement le château fort le mieux conservé de Franche-Comté. Un ancien dénombrement le décrit : « appartient auxd. Sieur et Dame les chasteau et maison forte d’Oricourt selon qu’il est construit, garnis de deux hautes tours, murailles, une tour servant de salle, chambres, pont levis, pont gisant et caves et autres édifices circuit et environné de fossés ensemble de ses adjacences y jointes …Proche le chasteau et en circuit d’iceluy est un colombier« .
L’enceinte, ouvrage de maçonnerie le plus ancien de la défense, a été édifiée d’un jet autour de chacune des cours. Les courtines, en gros appareil de couleur ocre jaune, ne dépassaient pas six à sept mètres de haut. Le matériau provient du calcaire extrait du fossé, lors de son creusement. Au sommet de cette muraille, un bandeau de dalles, encore apparent, constitue le sol du premier chemin de ronde, protégé de l’extérieur par des créneaux et des merlons. Ce mur d’enceinte initial a été vite surélevé d’environ trois mètres par un mur d’appareillage plus clair et plus petit, directement construit sur les créneaux et merlons encore apparents. L’ensemble de ces défenses est resté dans son état médiéval et n’a quasiment jamais été modifié pour s’adapter à l’arrivée de l’artillerie à poudre.
L’espace enfin clos, l’édification du donjon devient possible et des habitations sont adossées contre l’enceinte. Les deux hautes tours carrées viennent renforcer cet ensemble aux endroits les plus judicieux de la défense. Pour ce faire, le mur est démoli à l’emplacement où chaque tour sera érigée. Le nouveau matériau utilisé, une pierre plus claire et plus petite, provient d’une carrière voisine. La tour du fond a, semble-t-il, été terminée avec la pierre récupérée de l’ouverture pratiquée dans la muraille. Aujourd’hui, des traces des fondations de cette fortification primitive subsistent dans le fond des tours.
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La tour principale, improprement dénommée donjon à cause de son emplacement et de sa taille, est implantée à la jonction des deux enceintes. Haute de 25 mètres, elle surveille les deux cours, les fossés et une grande partie du domaine. Depuis la haute cour, une échelle permettait d’accéder à l’entrée de cette tour par une porte située à 8 mètres au-dessus du sol. L’échelle s’appuyait sur un palier escamotable, posé sur des consoles de pierre, aujourd’hui brisées. Ce dispositif est caractéristique des premiers châteaux de pierre. La salle principale ne mesure que 3,50 mètres de côté, l’épaisseur des murs étant encore de 2,20 mètres à cet endroit. Trois meurtrières, au fond de chambres de tir avec coussièges, éclairent et défendent ce niveau. De part et d’autre de l’entrée, deux portes conduisent au chemin de ronde. Au centre de la pièce, une trappe communique avec la partie basse, sorte de réserve aveugle de 8 mètres de hauteur. A la naissance de la voûte en berceau plein-cintre, des corbeaux témoignent de la présence d’une plate-forme intermédiaire.
Les étages supérieurs de la tour, séparés par des planchers en bois posés sur corbeaux, reliés par des échelles de meunier et éclairés par de rares meurtrières, donnent accès au sommet de l’édifice où se concentre l’essentiel des moyens d’observation de défense. Dans cette pièce haute, deux baies par face contrôlent les terres environnantes. Sous ces ouvertures, trois trous permettaient le montage de hourds. Rien ne nous autorise aujourd’hui, à décrire précisément le couvrement de cet édifice à l’époque de sa construction. Vers le XVe siècle, cette tour est couverte de tuiles vernissées, retrouvées en grande quantité à l’intérieur. C’est à cette époque, à la fin du Moyen Âge, que le chancelier de Bourgogne Nicolas Rolin, immortalisé par Van Eyck et fondateur des Hospices de Beaune, est propriétaire d’Oricourt.
La tour du fond, un peu moins large, mais aussi haute, est de même structure que la précédente. A sa base, un escalier à pas de souris, accolé à la muraille, gagne le chemin de ronde, qui est l’unique accès de celle-ci. L’étroitesse intérieure de la salle principale, 2,50 mètres de côté et son emplacement, ne nécessitent qu’une seule chambre de tir et une baie par face en partie sommitale.
Les murs de ces tours, donnant sur l’extérieur du château, ont subi d’importants dommages. Un angle de la tour du fond s’est en partie écroulé dans le fossé et la tour principale a pu être sauvée par un ceinturage provisoire en 1992. De gros boulets de pierre, retrouvés dans cette dernière, laissent imaginer les attaques ayant ébranlé ces épaisses murailles.
Ce nouveau projet doit permettre de consolider les maçonneries de la tour principale de manière pérenne en supprimant les ceintures métalliques inesthétiques. Une charpente sera ensuite élaborée au plus près de l’état initial supposé. Les planchers intérieurs seront restitués en vue d’un accès possible des visiteurs au sommet de la tour. Pour ce gros projet, une étude préalable sera bientôt proposée aux services de la conservation régionale des monuments historiques.
Contreparties
En application de la réglementation en vigueur, les dons versés dans le cadre d’une opération de mécénat affecté à des travaux sur monuments historiques privés ouvrent droit à une réduction d’impôt :
- Pour les particuliers : 66 % du montant du don vient en réduction de l’impôt sur le revenu, dans la limite de 20 % du revenu imposable.
- Pour les entreprises : 60 % du montant du don vient en réduction de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés, dans la limite de 20 000 € ou de 5 pour mille du chiffre d’affaires annuel lorsque ce dernier montant est plus élevé.
L’éventuel excédent est reportable pendant cinq ans.