Restauration du logis
Monument
Situé au Nord de Sarthe, près de la frontière normande, le grand domaine de Moullins est une villa au Xème siècle, puis, un grand prieuré de l’abbaye de la Coûture de 980 (donation par charte du Comte du Maine Hugues II) à 1250 -1270. Leurs abbés, reprenant le domaine, construisent une résidence palatiale « aux champs » entre 1200 et 1330. Elle comprenait plusieurs bâtiments voisins, mais disjoints : grande salle de réception (aula) et ses services, logis seigneurial (camera) et ses services, chapelle (capella), tour (turris), écuries et bâtiments de stockage. Lieu de pouvoir important (les abbés de la Coûture sont parvenus au rang épiscopal grâce au pape Clément VII, certains sont conseillers des rois de France), la résidence sera méticuleusement incendiée par l’armée anglaise d’invasion de Henry V, dès 1418. L’abbé Michel Bureau construit une nouvelle résidence en 1508, comprenant logis abbatial, flanqué de 3 tours, colombier, dans quatrième tour talutée, et chapelle (en 1514), sans éliminer les vestiges de la résidence précédente, dont la grande salle amputée de ses bas-côtés, est alors transformée en grange dîmière.
Le Logis de 1508 intrigue par la hauteur et la diversité de ses toitures, l’ornementation de ses lucarnes et la qualité de son abondant bestiaire. La chapelle étonne par la beauté de ses voûtes en bois sur croisée d’ogive et la qualité de ses vitraux. Au-delà des abbés, qui ont séjourné à Moullins, (Pascal Huguenot, conseiller de Charles VI, Martin de Beaune Semblançais, Archevêque de Tours qui ornera la chapelle d’un magnifique retable en 1522, Charles de Tessé, évêque du Mans…) on remarquera Guy Pécatte, moine de l’abbaye, né à Moullins et neveu du « Gouverneur de Moullins », Jean Dampont. Célèbre en son temps pour ses odes en latin, Guy Pécatte sera le précepteur de Ronsard. Il est à l’origine d’un mouvement qui deviendra La Pléiade. A Moullins, les styles gothiques rayonnant et flamboyant se côtoient.
Projet
La présence de deux grandes résidences témoignant de deux époques médiévales distantes de 200 ans, la première, héritière des résidences élitaires du haut Moyen-Âge, et la seconde offrant encore le même programme de celles du Bas-Moyen-Âge, doit permettre au public le plus large de mieux comprendre l’époque médiévale, infiniment plus sophistiquée que la réputation dont le XIXème siècle l’a affublée.
Le Logis de Moullins est ouvert à la visite toute l’année. Les visites combinent histoire médiévale, architecture et archéologie. Des fouilles archéologiques, conduites par l’INRAP, puis par le CAPRA ont permis de préciser les contours de la grande salle et de ses bas-côtés et d’exhumer plus de 10 céramiques de 1300 (+/- 25 ans) archéologiquement complètes. Afin de permettre une meilleure compréhension du public, la Grande salle médiévale, a fait récemment l’objet d’une restitution « 3D » en vidéo, après 18 mois de recherches supplémentaires avec une équipe d’archéologues et d’historiens d’art.
Les Amis du Domaine Médiévale de Moullins (association loi de 1901) aident, depuis 14 ans, les propriétaires à animer les rendez-vous culturels du Logis, en costume, après avoir contribué à préparer plusieurs tranches de travaux et avoir cofinancé la restauration des céramiques par le laboratoire Arc’ antique. Le domaine accueille des groupes d’enfants avec leur professeur pour une initiation à l’organisation de la vie au Moyen-Âge. Les rendez-vous annuels du « Moyen-Âge et les Enfants » avec jeux, danses et artisanat du Moyen-Âge et le festival « Lecture aux Animaux » (avec Jean-Paul Bordes et Samuel Labarthe en 2021), chacun sur un week-end, ou les Journées Européennes du Patrimoine, également en costume, sont très prisés. Après 37 ans de recherche, nous préparons, sous 2 ans, un ouvrage de fond sur l’histoire, l’architecture et l’analyse archéologique de Moullins, tant pour les spécialistes que le grand public, avec beaucoup de photos de plans et coupes, pour faciliter la compréhension.
Travaux
Les travaux d’une restauration aussi authentique que méticuleuse durent depuis 40 années successivement : 25 ans pour le Logis abbatial de 1508, 9 ans pour la chapelle Sainte Catherine et 7 ans pour éviter la disparition de la grande salle médiévale de réception, à nef et bas-côtés. Elle est la dernière qui a survécu en France, (malgré l’incendie). Nous avons étayé ses murs pignons et reconstruit – avec les morceaux d’origine récupérés dans les bouchements des ouvertures – les bas-côtés et trois de leurs angles pour contrer le déversement du pignon noble (percé de 5 baies et de portes géminées privatives), déjà amorcé, mais désormais arrimé au pignon de service (percé de 3 portes et d’une grande baie) par câbles/tirants.
Mais après 40 ans de restauration, nous n’avons plus les moyens d’assurer la restauration de cette monumentale grande salle (si belle dans la vidéo). Cependant, elle ne doit surtout pas disparaître. Elle devra être assumée par nos successeurs, quels qu’ils soient. Mais avant de poser l’ouvrage, un complément de travaux est nécessaire pour consolider les 7 années du sauvetage de la ruine, afin de lui permettre de ne pas se dégrader, le temps de retrouver de nouveaux passionnés qui lui rendront l’éclat de sa grandeur.
Pour lui permettre de passer 10 ou 20 ans, il faut terminer 3 chantiers :
1/ Réparer la toiture existante : remettre des tuiles en remplacement des bâches ; changer la panne et le chevron qui ont cédé sur le versant Nord et remplacer le litonnage et les nombreuses tuiles endommagées
2/ Protéger le sommet des murs pignons en complémentant les 80cm de maçonnerie manquante, tailler et reposer le rondelis (cours de pierres taillées terminant un mur pignon) et remettre les deux chevrons en complément, recouverts de grands bardeaux de chêne, comme en 1300
3/ Vérifier et consolider les étaiements, et peindre les platelages à l’extérieur. 3 ans de travaux sont nécessaires
Qui sommes-nous ?
Nous étions deux innocents, Philippe et Kathryn, passionnés d’histoire, mais totalement ignorants en matière d’architecture, qui avons acheté, à 30 ans (1982) une quasi ruine, avec 1 Plan d’Epargne Logement et 1 crédit bancaire espérant la restaurer… en 2 ans ! Notre vie, y compris professionnelle, allait changer. Nous accepterons de vivre dans plusieurs pays difficiles pour financer notre folie (Arabie Saoudite…). Mal conseillés, les travaux des 1ères années sont un désastre et seront cassés progressivement. Il faudra 25 ans d’une restauration, semée de grosses embûches où tout être sain d’esprit aurait abandonné. Elle sera très méticuleuse et très authentique, car les fous vont s’éduquer, à marche forcée, en histoire de l’art et en architecture, pour réaliser la restauration du Logis de 1500, dans son état d’origine : 110 m de fissures remaillés. 15 des 16 poutres remplacées car pourries aux abouts, 2 des 3 tours et 2 tourelles retrouvent leur sommet et leur couverture. Baies et portes d’origine, bouchées, abîmées, réouvertes. La charpente, déplacée par la tempête de 1999 est remise en place par verrains hydrauliques et restaurée. En 2008, commence le sauvetage de la chapelle Sainte Catherine et ses voûtes abattues. Elle avait été transformée en grange/pressoir/cellier vers 1810, au bord de l’effondrement. 9 ans de travaux (2008-2017) sont nécessaires : reprise en sous-œuvre de la charpente, remaillage des fissures, réouverture des baies et des portes d’origine, restauration de la charpente et de la couverture., restauration des voûtes en bois, pose de vitraux et la réfaction du sol. Pour éviter l’effondrement de la grande salle de 1300, 7 ans de travaux ont été intercalés ou succédèrent aux autres travaux. Kathryn aide Philippe à réparer les dégâts de concitoyens ! En bref, JP Brindeau, Pt de l’office du tourisme/Mamers, nous a catalogué, en 1998 : « Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière ». A 70 ans, l’activité professionnelle n’a pas cessée, car le jour où elle s’arrête, le chantier aussi.
Contreparties
En application de la réglementation en vigueur, les dons versés dans le cadre d’une opération de mécénat affecté à des travaux sur monuments historiques privés ouvrent droit à une réduction d’impôt :
- Pour les particuliers : 66 % du montant du don vient en réduction de l’impôt sur le revenu, dans la limite de 20 % du revenu imposable.
- Pour les entreprises : 60 % du montant du don vient en réduction de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés, dans la limite de 20 000 € ou de 5 pour mille du chiffre d’affaires annuel lorsque ce dernier montant est plus élevé.
L’éventuel excédent est reportable pendant cinq ans.
Les donateurs seront tenus au courant de tous les travaux (e-mails avec photos) et de chaque manifestation/événement du logis de Moullins. Ils pourront visiter les bâtiments ou les travaux en cours lorsqu’ils le souhaiteront.